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— Tiens, Fox, du beau pain blanc, avec du beurre.

Je le présente sur une assiette.

— Pouah ! fait Fox.

— Alors du lait ?

C’est dans une belle tasse. Fox fronce le nez avec dégoût.

Et pour la dixième fois, il sort de ses plumes et file droit renifler à l’étable où Spitz sent bon.

— Quoi donc, Fox ? Aurais-tu compris que l’amour est également possible à deux ?

— Hum ! gémit Fox.

— Tant que ça ? Eh bien, vas-y, mon vieux… Tant pis.

Le verrou tiré, je ne reconnais plus mon Fox. Fringant, presque joli garçon, il trotte vers la dame, la prie à petits coups de museau pour qu’elle se lève, la flaire au bon endroit, y met un bout de sa langue, puis contre le mur, il pisse.

— Frrrreluquet, grogne Spitz, sans doute parce que le maître est là.

Mais comme il sourit, le maître, elle se laisse aller et ainsi que cela se doit, par petits bonds à droite et à gauche, dérobe ce que l’autre lui demande. Puis à son tour, elle pisse. Voyez-vous ça ! Ils s’aiment !

— À moi, dit Fox.

Fox l’empoigne où il peut, d’abord du côté de la tête comme s’il voulait lui faire ça directement dans l’oreille.

— Mais non, pas par là.

Il faut que je le dirige d’une claque, puis lui fourre sous les pattes un escabeau de paille parce qu’il est un peu bas.

— À la bonne heure !

Haletante, à petits coups, Spitz me jette un long regard de femme qui a bon, mais bientôt elle oublie tout à fait de penser à son maître. Debout derrière elle, sérieusement cette fois, Fox la serre et tâche de pointer juste. Il doit bien sauter encore, mais en tirant fort la langue, en y mettant du sien, il arrivera tout de même.

Là… ça y est.

— Bravo ! Fox.

Déjà je pense à caser cette future famille, quand je vois Fox brusquement s’arrêter, retomber sur ses pattes et filer