— Eh bien, dit Marie, ça a marché ?
— Oui, Marie, pas mal. Mais si tu veux, je désire me recueillir. Va donc dire bonjour aux Baerkaelens.
Marie partie, j’allume un gros feu. Je trie mes livres : les mauvais d’abord, puis les douteux, plus quelques bons pour être sûr. La flamme monte très haut dans l’âtre. Quelques Zola de plus, toute ma baraque flambait.
Puis je m’installe à ma table, pour l’ami-confident :
« Je viens de me confesser : je ne sais comment cela s’est produit, mais vraiment, je me suis senti empoigné par la main de la Grâce… »
Je biffe cette phrase trop prétentieuse, puis je la remets parce qu’elle fait bien.
Si bonne, ma confession ne valait pas grand’chose.
on âme lavée à neuf, je veux avec l’aide du père Isidore la polir dans les coins.
Je retourne le voir.
— Mon père, est-il permis d’écrire des livres ?
— Peuh ! mon enfant ; occupation inutile, souvent dangereuse.
— Mais de bons livres, mon père ; des histoires édifiantes… par exemple la vie d’un saint.
Le père se méfie :
— Avec prudence, mon enfant, avec prudence…
— Et développer un sujet que j’aurais trouvé dans la Bible ?
— Dans la Bible, mon enfant !… Mais la Bible a été écrite sous l’inspiration du Saint-Esprit ; vous ne prétendez pas faire mieux que le Saint-Esprit, je suppose ?
Habitué aux péchés de ses paysans, de bonnes betteraves