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Le père me sourit avec ses bonnes lèvres qui souhaitent « Paix à vous » quand il entre dans la maison d’un mourant.

Que va-t-il dire au si grand pécheur ?

— Écoutez, mon enfant, vous avez beaucoup péché et vous vous repentez, n’est-ce pas ?

— Oh ! oui, mon père.

— Et vous promettez de ne plus recommencer ?

— Jamais, mon père.

— Eh bien, Dieu est bon. Il vous aime, il faut l’aimer. Quand on aime quelqu’un, on ne voudrait pas lui faire de la peine, n’est-ce pas ?

— Oui, oui, mon père… non, non, mon père… oui… oui…

Ce qu’il dit est si grandement simple !

— Et maintenant, mon enfant, faites un bon acte de contrition.

— Je me repens, mon père, je ne le ferai plus.

— Pas ainsi, mon enfant, récitez la formule.

Et ceci pour le grand converti est plus humiliant que le reste :

— Je ne la connais plus, mon père.

— Bien, mon enfant. Alors je la dirai pour vous. Répétez après moi : Acte de contrition.

— Acte de contrition, mon père…

— Mon Seigneur et mon Dieu…

— Mon Seigneur et mon Dieu…

— Je me repens de tout mon cœur…

— Je me repens de tout mon cœur…

— De vous avoir…

Mais je me repens trop, et cela finit, comme il faut, dans les larmes.

Comme je sors du confessionnal, je tombe sur Benooi, qui attendait son tour depuis une heure. Il a fini tout de suite.

Nous partons ensemble :

— Le père Isidore, dis-je, s’intéresse beaucoup à mes poules.

Nous en avons parlé, il n’en finissait pas…

— Bon, bon, fait Benooi, qui réfléchit pour son propre compte. Moi, comme pénitence je dois réciter un « Ave ».

Que penserait-il si je lui parlais de mes livres ?