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— Oui, toi. Et même si je n’étais pas là, tu deviendrais Trappiste.

— Oh ! non, Marie.

— Si, si, je sais… Mais grand saint que tu es, as-tu seulement songé à faire tes Pâques ?…

— Oh ! dis-je, Marie, c’est que pour moi faire ses Pâques, se confesser, n’est pas une chose si simple.

— Non ?

— C’est même une chose très compliquée. Il faut raconter tous ses péchés, par conséquent s’en souvenir. Il faut promettre de ne plus recommencer, avoir pour l’amour de Dieu, le regret de ses fautes.

— Je ne sais pas, réfléchit Marie, comment ça se passe pour les hommes. Moi, je n’y mets pas tant de manières. Au curé, je donne les petites fautes qui me reviennent : ça lui suffit. Quant aux autres, tu sais, les grosses que nous faisons ensemble, je les garde pour toi.

Elle m’embrasse et vraiment pour les choses saintes dont nous parlons, elle a les yeux trop brillants.

Je cache ce qu’on découvre quand on montre un scapulaire :

— Et après ta confession, tu es contente ?

— Oui, très contente : j’ai fini…

— Et tu n’as pas d’inquiétudes ?

— Non, dit Marie.

— Tu te sens absoute, enfin ?… Pardonnée ?

— Dame, puisque le prêtre a fait sa croix.

— Oui, Marie, tu es une brave fille, et solide… Tu restes en équilibre. Mais moi, si je me décidais, tu verrais quelle affaire !

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