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Trees tournait dans sa soupe. Elle ne s’est pas arrêtée de tourner :

— Un charron, a dit Trees, jamais je ne donnerai ma fille à un charron.

— Bon, dit François, qui en partant caresse d’un clin d’œil le beau ventre de sa Louise.

Le poupon né, baptisé, reçu comme il convient par toute la famille, les amoureux reprennent leur promenade. On les rencontre par les champs, derrière des granges, sous le bois et pour l’automne quelque chose, sous la jupe de Louise, se remet à gonfler.

Cela se remarque surtout à l’église les dimanches quand Louise ayant communié regagne sa place, les mains dévotes, sur son ventre qui pointe.

Pour le coup, pensent les voisins, la Trees n’osera plus refuser. Mais Trees l’autre jour a juré : « Tenez, sur la sainte Vierge qui m’entend, » que jamais elle ne donnerait sa fille à un charron.

Les parents de François se désolent. Son premier sur le bras, le second sous la jupe, Louise dans tous les coins se traîne et pleure :

— Bon ! pense déjà François, il faudra essayer d’un troisième.

Séparateur
Le meurtrier


Hé ! Monsieur !

— Quoi donc, Benooi ?

— Vous savez que le boulanger Joseph, le frère de Cordula…

— Comment, Benooi, Cordula avait un frère…

— Oui, dit Benooi… Joseph.

— Elle a de bien belles joues, Benooi…

— Ça, fait Benooi, je ne sais pas. Ce que je veux dire, c’est que son frère Joseph…

En ce temps Joseph le boulanger, le frère de Cordula qui a de si belles joues, aimait beaucoup la danse…