Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compris pas. Je me précipitai vers ma porte. Elle était fermée.

— Papa ! papa !

— Recouche-toi, Marcel.

Le cri monta de nouveau.

Dans les circonstances les plus étranges, l’homme reste ainsi fait qu’il rapporte tout à soi. Je m’imaginai que maman criait parce que je n’avais pas correctement récité son Ave. Je me jetai à genoux. Au milieu de ma prière, le cri jaillit pour la troisième fois. Mais plus faible, il ploya par le milieu et retomba sur lui-même. Un ah !… puis je n’entendis plus rien.

Quand je me levai le matin, ma porte était toujours fermée. Papa me cria de l’autre côté :

— Reste là, Marcel.

Je n’entendis pas maman. Un peu plus tard, il entra, en tirant la porte sur lui avec son pied. Il m’apportait un bol de lait. Il avait l’air fatigué, plus mécontent que d’habitude :

— Déjeune ici. Il vaut mieux que tu ne bouges pas. Ta mère a mal dormi. Elle repose maintenant.

Je vis à sa mine qu’il ne m’en dirait pas davantage et cela ne me rassura pas. Avec inquiétude, je tâchai d’entendre ce qui se passait dans l’autre chambre, près de maman. Il