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réponses, mes yeux étaient tombés sur la copie d’un voisin. J’avais lu un mot : sacrement. Ce mot ne m’avait-il pas mis sur la voie des autres qui m’avaient valu la première place ? Cette place je l’avais volée. J’aurais dû l’avouer. Je n’y avais pas pensé : encore un péché ! Et puis il y avait la question du mariage. En feuilletant mon catéchisme, j’avais vu d’avance au chapitre du mariage, une réponse de sept lignes qui serait dure à apprendre par cœur. Par oubli, M. le Curé avait sauté le chapitre. Puisque je le savais j’aurais dû l’avertir. Pour échapper à cette longue réponse, je m’étais tu. Cela non plus, je ne l’avais pas confessé. Ah ! elle était propre mon isba et demain le boyard…

Je ne sais comment cela finit. Je sentis un petit choc sur l’épaule. Je me levai ahuri. Que faisais-je là sur ce banc ? Que me voulait ce garde ?

— On ferme, petit. N’as-tu pas entendu le tambour ?

Je n’avais pas entendu le tambour. Je sortis tristement et tous mes péchés sur moi ! En parler à la maison ? Maman sourirait. Papa… Retourner à confesse ? Ce soir, il était trop tard. Demain, je le savais, je n’oserais pas me faire remarquer.