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Il haussa les épaules :

— Est-il bête ! Les perce-oreilles n’ont pas de…

Au fond, cela n’avait pas d’importance. Mais puisque je l’avais vu :

— Celui-ci en avait une. Tiens, si tu veux, nous allons le rechercher.

Il me suivit en rigolant. Je reconnus mon caillou, le déplaçai. Le perce-oreille s’y trouvait. Pas le moindre bout de queue.

— Ah ! tu vois ! dit Dupéché.

En effet ! Et pourtant, en fermant les yeux…

— Tantôt, il en avait une.

— Tu as eu la berlue.

— Non, non, je suis sûr. Je ne sais pourquoi je m’entêtai si fort. Je vérifiai, encore une fois, l’image qui me restait dans les yeux.

— Je te jure, il en avait une…

— Eh bien ! tant pis pour lui.

Oh ! ce que fit Dupéché ! Ce fut rapide. Après des années, je revois, un à un, tous ses gestes. Dupéché, qui suçait une boule de gomme, la glissa dans un coin de sa joue, ce qui produisit une horrible grimace ; il me tira la langue, leva le pied au-dessus du perce-oreille, l’abattit. J’eus le temps de voir un gros nœud au cordon de sa chaussure. Le talon sur le caillou crissa :