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diable : « Ne crains rien, tu sais bien que… » Et plus que le Curé, il ressemblait au diable.

Je l’avais en horreur. Je faisais tout pour l’éviter. Je ne sais quoi l’attirait. Du moins en ce temps je ne le savais pas. Plus je le fuyais, plus nous étions ensemble. Je ne trouvais pas la force de le chasser.

La veille de la première communion, nous dûmes nous confesser. Il me demanda :

— Tu vas chez notre Curé, toi ?

— Bien sûr.

— Moi pas. Je vais ailleurs. Accompagne-moi.

J’hésitai. Puisque notre professeur avait pris la peine de nous préparer, il était juste qu’on lui laissât la joie de nous absoudre. C’était même un devoir ; s’y dérober, peut-être un péché. Je ne dis pas cela à Dupéché. Je dis :

— Je préfère notre curé.

Il ne répondit qu’un mot :

— Viens.

Je le suivis à contre-cœur.

Avec ce scrupule en plus, ma confession dura longtemps. Heureusement le prêtre me dit de bonnes paroles. J’étais un brave enfant ; je ne devais m’inquiéter de rien ; son absolution valait celle d’un autre ; quant à mon