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Ce qui est sûr, c’est que, depuis cet accident, Bella a changé. Elle est neurasthénique. Si elle avait une machine à penser comme les hommes, on la dirait un peu folle et peut-être se ferait-elle du mauvais sang pour le cours du change ou quelque autre lubie.

— Dommage, insinue Ma Nounouche, que l’auto ne l’ait pas rendue muette.

— Quant à cela ! Sa neurasthénie est bruyante. Elle n’aboie plus : elle hurle, plein mes oreilles, et sa maîtresse hurle aussi. Je veux dire qu’elle n’en est que plus indulgente. Pense donc ! Sa Bella qui a failli mourir ! Il faut l’entendre : « Nous n’avons pas dormi, Madame. Nous avons eu si mal ! À cinq heures du matin, nous n’avions pas fermé l’œil. » Elle lui donne des hypnotiques, tu sais ? Et puis, elle s’est arrangée : Bella aura des petits « pour lui changer les idées ». La dame cherche déjà chez qui les placer. Elle est en pourparlers avec un employé du gaz « qui lui paraît un Monsieur convenable ». Pour un autre, elle hésite. Je lui ai conseillé d’exiger un certificat de moralité. Quand on parle de Bella c’est tellement grave, qu’elle n’a pas senti la plaisanterie, je parie.

— Oh ! tu exagères !