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Puis des verts. Tous bien tassés, six par rang, avec des fusils, des chevaux, des camions, leurs cuisines, leurs charrettes. Puis de nouveau des jaunes. Le défilé avait commencé à midi. À deux heures, il durait encore.

Quand Bruxelles s’endormit le soir, elle boucla ses portes avec des verrous qui pensaient à autre chose qu’à des voleurs… Et cela dura pendant quatre ans.

Alors voici ma première petite histoire.

Un jour, Ma Nounouche fit un gros achat de cannelle.

La cannelle, vous savez ce que c’est. Cela se présente sous forme de bâtonnets ou bien en fine poussière. On en détient quelques grammes, au fond d’une boîte, sur une étagère de sa cuisine. De temps en temps on en met un rien, à la pointe du couteau, en quelque crème ou quelque pâte et cela fait un plat à la cannelle. Bon, voilà pour elle.

Pour Ma Nounouche, on pourrait s’y méprendre. Ma Nounouche n’était pas une petite chienne, ni un gros chat. Ma Nounouche était ma femme, ma femme bien-aimée, très bonne, très douce, douce comme… une Nounouche. Seulement, elle vivait en dehors du traintrain de