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Et chacun aimait le sien, papa peut-être un peu plus, mais certainement autant, car Eve devait aimer en outre Cosette sa poupée, Kiki son polichinelle, les Râw en couleurs de ses livres, sans parler des choses roses, vertes ou bleues que l’Avenir façonnait pour elle, dans sa boutique.

En plus de tout ce monde, il y avait, dans la maison, une maman. Elle s’appelait Mamie et, un jour, Eve, revenant de l’école, lui dit :

— Mamie, on m’a offert un petit chat… je voudrais tant l’avoir.

Car les petites filles, qui aiment ce qui est nouveau, aiment beaucoup recevoir parce que cela change.

— Tu as déjà ta Râw, dit le père.

— Oh ! Mamie, fit la fillette, un si mignon petit chat ; un angora, avec de longs poils il est si joli !

— Tu l’as vu ? demanda le père.

Comme si les petites filles avaient besoin de voir les chats qu’elles désirent pour savoir qu’ils sont beaux !

— Non, fit Eve, mais il est si joli !

Le père compta sur ses doigts :

— Râw, un ; Poulet, deux ; le nouveau, trois. Cela ferait trois chats… C’est beaucoup.