Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son maître, et louche tout à fait, lui sautait aux épaules et ronronnait :

— Bonjour.

Pour ceux qui ne savaient pas, Poulet n’était qu’un simple chat. Pour le maître, il était davantage : il était Poulet.

— Un magistrat, observait le maître, Poulet aurait pu être un magistrat, un homme de lettres, une femme savante, un enfant prodige. Au lieu de cela il est tout bonnement un chat. C’est admirable !

À vrai dire, cela n’avait pas beaucoup de sens.

Pourtant Poulet avait un défaut. Il n’agissait pas toujours suivant les lois que les hommes qui commandent, ont inventées pour les chats dont le rôle est d’obéir. Mais les hommes inventent souvent des règles, à leurs convenances, très incommodes pour les autres. Ils appellent cela : de la Morale.

Né dans une armoire, au deuxième étage d’une maison, Poulet avait grandi aussi loin des gouttières où se promènent les chats, que du sol où il leur arrive de se creuser de petits trous. En fait de jardins, il ne connaissait que des chambres ; et, peut-être, ayant vu des tapis et des chaises s’imaginait-il que les herbes sont rouges et les