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anglais est pour « l’embêter » alors il rage. Comme il s’arrête un moment pour relire sa pancarte, il jette un coup d’œil à l’horloge qui marque midi moins cinq et quelque chose se met à rayonner dans le visage de Jean Lhair. On dirait la lune qui se lève. Avec les aiguilles qui avancent, cette lune devient plus claire ; à midi moins deux, c’est presque la pleine lune ; à midi, comme le secrétaire qui va déjeuner pique une tête, c’est la pleine lune tout entière.

M. Sinet (imitant la voix lugubre de Jean Lhair.) — Eh bien, mon cher, as-tu vu leurs pancartes ?

Jean Lhair (très dégagé). — Comment ? Tu y penses encore ? Tu sais bien que c’est de la foutaise.

M. Sinet. — Alors, viens déjeuner.

Jean Lhair. — Non, je reste.

M. Sinet (sans autre transition). — Vieux satyre !

Jean Lhair ne dit pas non. Sourire épanoui comme deux pleines lunes. Il se rassied. Il écoute le piétinement des rédacteurs qui filent. L’atelier se vide aussi. À certain bruit de pas bien connu, il plonge dans ses paperasses et comme la porte s’entr’ouvre : « Rien de neuf,