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M. Sinet (faisant de vains efforts pour comprendre). — Mais, monsieur, je ne vous entends pas ; je vous en prie ; parlez plus haut.

Jean Lhair (le regardant avec compassion). — Hein ! mon vieux, tu en fais, toi aussi, du téléphone ! Une belle foutaise ! Autrefois, pour prendre une information, on allait sur les lieux, on faisait une promenade. À la bonne heure ! Tu te souviens ? La fois que j’ai interviewé la princesse de Saxe !… (Rayonnant à ce souvenir.) Quelle femme, mon vieux, quel parfum !… Bien que moi je préfère…

M. Sinet (éclatant à la fin). — Mais, monsieur, puisque je vous dis qu’il y a de la friture !…

Jean Lhair (dans l’ingénuité de son âme). — Hein ! vieux, cela t’énerve le téléphone… Il y a de quoi… Tu ne réclames pas souvent, mais, toi aussi, tu te ronges… (Se penchant sur le secrétaire qui a violemment raccroché.) Eh bien ! veux-tu savoir ce qui arrivera : à force de travailler pour eux, nous crèverons comme des bêtes. Tu ne penses pas ? Moi, j’en suis sûr !… Songe que depuis des années, je viens ici, tous les jours, à neuf heures du matin… Et pourquoi faire ! (Suivant M. Sinet qui se dirige vers l’atelier.) Passe encore qu’on fasse travailler les