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très belles, parce que naïves, chaudes de respect, de dévouement, de tous les beaux sentiments qu’éveille, chez un homme, un amour qui commence.

Mais les autres ! Il fallait les entendre :

— Ah ! que c’est drôle !

— Si mon fiancé m’écrivait ainsi !

— Quel pathos !

Pendant ces exclamations, M. Robert se balançait un peu sur le pied gauche, un peu sur le pied droit. Il y avait une jeune fille, bien grasse, bien rose. On me l’avait présentée : « C’est une poétesse. » Une poétesse s’y connaît en sentiments. Elle avait tiré son mouchoir ; elle le tordait devant sa bouche ; elle riait… elle riait !

Ainsi le M. Robert lut jusqu’au bout sa lettre. Pour que ce fût complet, il ajouta l’adresse du jeune homme et de la jeune fille car lorsqu’on vole, on ne vole pas à moitié. Cela fit lancer les derniers traits d’esprit à ceux qui en avaient de reste.

Puis, on changea d’exercice. Quelques jeunes filles s’assemblèrent pour faire tourner une table. La poétesse dirigeait.

— Cher esprit, es-tu là ?

Je m’approchai comme par hasard, et four-