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Les uns s’en fichaient un peu ; les autres s’en fichaient davantage. Ils ne s’en déclaraient pas moins « très enchantés ».

Au bout de quelques instants, la dame me planta là pour aller au-devant de nouveaux visiteurs. Je fus un peu embarrassé. De toutes ces personnes si enchantées, je n’en connaissais pas une. Devais-je les aguicher par un bout de causette ? Dire, par exemple : « Quelle agréable réunion, n’est-ce pas, monsieur ? » Ou bien me tenir, tout seul, dans un coin ? Ou bien, me planter l’air connaisseur, devant quelques-uns de ces tableaux, dont le plus inoffensif m’entrait dans les yeux comme un coup de poignard ?

Heureusement, la dame s’avança, frappa dans ses mains comme une maîtresse d’école et, quand on se fut tu, annonça que « M. Robert allait nous lire quelque chose ».

— Un vrai régal, vous verrez !

Elle en était toute réjouie.

Je regardai ce M. Robert. Il s’appuyait d’un coude au piano et avait pris cet air modeste et fin du monsieur qui se sait bourré d’esprit. Pour le reste il ne différait guère des autres : les cheveux en arrière, verre sur un œil, deux pieds qui lui servaient à se dandiner pour des