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dorloter ? Le petit homme, c’est un peu comme le gosse de celles qui par leur métier ne peuvent en avoir. On le choie, on l’habille, on a pour lui la bonté, bonne comme le lait qui vous vient aux mamelles. « Mais prends donc, prends, gorge-toi, il en reste. » Et en retour, quelle fête après l’ouvrage de lancer au diable sa robe, de bondir sur une chair, dont on reconnaît l’odeur : « Toi, tu sens bon, chéri !… » de se calmer avec celui-ci des autres qui vous ont énervée : « Vite, vite, chéri », et de prendre enfin, sous le corps de son mâle et pour rien : « Ô chéri, chéri », toute la joie qu’aux types on a vendue…

Vers ce temps, Marie écrivit à Mère.

« Ma chère Mère, je t’envoie un mandat. Comme tu vois, mes patrons sont très gentils ; ils paient bien. Ils vont déménager. En attendant, écris-moi poste restante. J’espère… »

Poste restante, à cause du petit homme qui ne devait pas savoir.

Et Mère répondit :

« Ma chère Marie, c’est pour te dire que j’ai bien reçu le mandat. Ton père était sorti, heureusement. Tu le connais. Il serait plus sûr que tu m’écrives aussi poste restante… »

Toujours l’homme !

Elle ne savait pas tout de Londres. Le nouveau qu’elle apprit, elle ne l’apprit que lentement, un peu comme on constate le temps qui change. Hier, on jouissait du soleil et de la joie qui, avec le soleil, s’épanouit sur la terre. Aujourd’hui des nuages… Demain… Il s’agit d’ailleurs du temps.