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le touchât. Il sauta bas du lit et, pièce à pièce, recomposa l’anglais, ni pâle ni rouge, qui lui avait demandé : « Êtes-vous Française ? » Quand il en fut au manteau, elle se leva pour l’aider. Elle en avait le droit, maintenant. Elle l’aida, comme on aide un malade et aussi un pauvre homme qui a pris de vous un peu de bonheur. Peut-être le comprit-il ainsi ? Il alla jusqu’au coin de la cheminée déposer quelque chose, puis il marcha vers la porte. Avant de l’ouvrir, il se retourna. Debout, près du lit, Marie se tenait, encore blanche et nue dans sa chair, telle qu’il venait à l’instant de l’étreindre. Il mit sur elle son long regard triste. Elle le regardait, triste aussi. Et vraiment, leurs peines, il n’y avait eu que cela de commun entre eux.

Vladimir n’était pas couché. La première fois ne ressemble pas aux suivantes. Elle avait préparé un long récit :

— Eh bien, petite ?

— Eh bien… Eh bien… ça y est.

Elle en eut fini tout de suite. Il ne parut d’ailleurs pas surpris :

— Je sais, petite ; on t’a vu partir et tu n’étais pas fière. Il ne faut pas… Combien ?

Elle donna l’argent. Il avait toujours promis que, du premier, on enverrait quelque chose à mère. Il fit sonner les pièces ; puis il les fourra dans sa poche.

— Tu sais, fit Marie, Mère…

— Mère ? Ah ! oui… tatata.

Il l’embrassa. Quand même il garda tout. Cela n’était pas très beau.

Alors, voulant penser à autre chose :