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— Oh ! oh ! Londres ! Seule !

— Non, fit Marie, pas seule.

— Hum ! Et que ferez-vous ?

— Ce que… ? On m’a promis un bel emploi.

Monsieur fit la grimace. Les mots tirent hors de l’ombre des choses qu’il vaut mieux y laisser. Marie se tut, comme on souffle sa lanterne.

Après Monsieur, elle avertit ses parents. Depuis sa grossesse, elle ne les avait plus revus, et, voici, elle revint un jour, la taille fine, des cadeaux plein sa malle, en jeune fille qui a fait du chemin et qui va le continuer avantageusement à Londres.

— Une ville de riches, approuva le père.

— Mais loin, pensait la mère, car pour une mère, cela compte, la distance.

— Bast ! Je t’écrirai souvent. Tu comprends, une place de gouvernante, dans une bonne famille… Et puis… et puis…

Les mots qui sont des lanternes sont aussi des voiles : on peut parler beaucoup quand on ment…

Avant de partir, elle revit également Hector. Hector : ce qui aurait pu être et qui n’est pas. Il avait grossi, enflé plutôt. Il portait de moins belles cravates : un homme auquel manquent les doigts soigneux d’une Marie. Sa Louise le suivait, très laide. Plus rousse que jamais, elle étalait un gros ventre. Fi !