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— Nom de nom, jura Vladimir, il n’entrera jamais.

Il luttait devant la glace ; il lança du talon un grand coup sur le plancher.

Ils allaient sortir. Prête déjà, Marie se leva pour l’aider.

— Laisse-moi la paix, cria Vladimir. J’en ai assez. Chienne de vie. Bruxelles m’horripile… Je… je… un de ces jours, tu verras, je bouclerai mes malles.

Marie sentit au cœur une secousse : le talon de Vladimir ne frappait pas que sur les planches.

— Oh ! fit-elle.

Avec ses yeux qui tournèrent autour de la pièce, elle regarda l’armoire, le divan, le lit ; ces meubles devenus un peu les siens puisqu’elle y avait été heureuse.

— Et moi ?

— Toi ?…

Il avait vaincu le bouton et lustrait son chapeau, pour sortir. Il ouvrit la porte :

— Passe devant.

Il tourna la clef comme d’habitude.

— Tu es sotte, fit-il. T’ai-je dit que nous nous séparerions ? Tu m’accompagnes, c’est entendu…

À Londres, nous gagnerons de l’argent.

Il ne demandait pas : « Veux-tu ? » Il affirmait : « Tu veux bien. » Pourquoi discuter ? La femme est la femme ; l’homme décide.

À cause d’un petit bouton !

D’ailleurs on ne partit pas tout de suite. Elle prévint Monsieur :

— Vous avez l’âge de raison, ma fille… Et peut-on savoir où vous allez ?

— À Londres, Monsieur.