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Vladimir connaissait la pièce. Il regardait les dames qui sont belles dans leur loge :

— Les femmes, disait-il, ne sont pas faites pour travailler.

— Celles qui sont riches…

— On le devient. Ainsi toi, tu aurais pu être autre chose qu’une servante…

Quoi ? Il ne le disait pas.

Une autre fois, il lui expliqua comment on se frotte les joues d’un peu de rouge, les yeux d’un peu de noir, pour s’adoucir le visage.

— Mais, chéri, ma peau est fraîche, pas besoin de couleurs.

— Tu es beaucoup mieux, je t’assure.

Ainsi peinte, il la présentait à des camarades.

— Mademoiselle, enchanté !…

C’étaient des jeunes gens bien vêtus, assez prétentieux, dont les manières l’inquiétaient un peu. Ils étaient presque trop bien vêtus. Elle ne les aimait guère, et encore moins leurs dames et leurs chapeaux à plumes, leurs bijoux en placard, leur façon inconvenante de boire en public, aux verres de leurs amis :

— Chez soi tout ce que l’on veut, mais devant les autres…

Vladimir ne les aimait pas non plus. Il était d’ailleurs beaucoup plus simple. Quand il manquait d’argent :

— Prête-moi cent sous, disait Vladimir.

Et ce que, de leur dimanche, il préférait :

— Tu vois, c’est la fête que nous allons prendre de nous-mêmes, seul à seul, dans ma chambre et pour rien.

Ainsi, il habita, dans le cœur de Marie, un grand amour avec un grand bonheur. Aujourd’hui