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voici la viande. Un couteau au bout d’un Monsieur a suffi.

— L’intelligence vous rend bavarde, Marie.

— Au diable les os, Monsieur.


VII



Il passait dans la rue un jeune homme. Et pas seulement aujourd’hui, mais hier, avant-hier et, sans doute, demain. Que fait dans la rue, tous les jours, ce jeune homme ? De loin, dès qu’il vous reconnaît, il touche son chapeau ; il est penaud quand vous le dédaignez, joyeux si d’un sourire vous voulez lui répondre. Un jour, il vient à vous.

— Bonjour, Mademoiselle.

Il a des cheveux noirs, des yeux bruns, de jolies dents qui luisent. Il vous parle galamment, comme à une vraie dame. Oseriez-vous le rabrouer ! D’abord, vous lui feriez de la peine et, à la rue, quel scandale ! Si pressée que l’on soit, on a toujours une minute. Et si, pendant cette minute, il vous propose une promenade, tenez pour dimanche, quand vous serez libre, comment connaît-il déjà vos habitudes ? Vous songez à votre belle robe qui serait bien plus belle au bras d’un cavalier.

— Eh bien, oui, à dimanche.

Et ce dimanche vous l’attendez. Les jours, semble-t-il, sont devenus des visiteurs bien ennuyeux qui ne se décident pas à partir. Ce samedi surtout, qui n’en finit pas, avec ses brosses