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— Elle se portait bien ?

— Oui.

— Très bien, n’est-ce pas ? Dites-moi, avait-elle l’air contente ?

— Oui… voilà vos trois litres.

À force d’être laitier, on compte ses mots comme on compte ses litres.

Le dimanche, Marie savait où aller maintenant. Elle allait voir sa petite.

— Aujourd’hui, annonçait-elle, c’est moi la mère.

Oh ! cela se voyait. Il suffit qu’une femme entr’ouvre les genoux et le creux qui se forme dans la jupe est le meilleur des berceaux. Elle y couchait Yvonne ; elle commençait par les langes : les mères savent seules comme cela sent bon son enfant qu’on démaillote.

D’une semaine à l’autre, Yvonne se développait. Elle ne grandissait pas beaucoup, moins que ce lourdaud de Jean dont la figure devenait de plus en plus grosse. Mais la petite mèche, qu’elle portait de naissance, voyez comme elle a poussé cette mèche. Elle devenait de fins cheveux et, alentour, il en venait d’autres qu’on pouvait ramener à droite ou bien à gauche.

— Et son derrière, Pélagie ; regardez-moi ce petit derrière : un vrai derrière de femme, mais plus beau.

Elle avait envie de mordre dedans.

Yvonne comprenait un peu : elle était maligne, plus que ce Jean qui dormait vraiment trop. Quand vous montriez une fleur à Yvonne, elle la reconnaissait ; et partout où vous balanciez cette fleur, avec ses yeux elle la voulait.