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IV



Sans compter Marie et son Yvonne, il se trouvait beaucoup de monde dans ce wagon :

— C’est votre enfant, ce petit garçon là, Madame ?

— Oui, Madame ; mais c’est une fille : Yvonne. Elle a dix jours.

— Dix jours, Madame, et déjà en voyage !

— Oui, Madame.

Elle qui tantôt referait seule le voyage.

Yvonne dormait. Par moment elle souriait ou bien, avec sa bouche, elle rêvait qu’elle suçait quelque chose. Elle ne pleurait pas. Elle pleurait d’ailleurs peu. Ainsi, à la descente du train, on aurait pu croire que dans l’air frais de la campagne… Et pas du tout. Yvonne ouvrit à peine les yeux et il suffit que Marie lui montrât, sur le bord de la route, des fleurs qui étaient belles.

Pas loin, au milieu d’un verger, souriait une maisonnette : très jolie, les volets peints à neuf, des roses en parterre devant le seuil, on n’aurait pas dit une ferme.

Marie pensa : « Si c’était là ? » Et voilà : c’était là.

Une grosse femme se tenait sur la porte :

— Hé, Madame, c’est-il vous qui devez m’apporter votre petite ?

— Oui, dit Marie, si vous êtes Pélagie.

— Alors, entrez.