Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir des amis, et le deuxième revint : « J’étais triste, sans toi, j’ai tout planté là. » On reste cet Henry et cet Henry comme il doit se cramponner « Je veux… je veux… » pour ne pas filer de cette chambre : « Voilà, maman, je reviens… »

Elle attendait… « Il vit seul, comment fait-il pour vivre seul ? Quand reviendra-t-il ? » Ce sont des douleurs de Marie. Oh ! pas les glaives que dans les drames on dégaine pendant douze pieds de vers et qu’on enfonce pendant douze autres pieds. Mais être cette Marie, avoir ces bras, avoir ce cœur, avoir de Marie toutes les choses qui sont comme le miel d’une ruche dont les abeilles même seraient bonnes, et ne pouvoir les donner ! Mais entendre les gens : « Qu’avez-vous donc, Madame ? » et devoir répondre : « Il est parti ! » Mais ces nuits, sans dormir : « Henry qui a fait cela, Henry pas auprès d’elle, Henry, tout de même, qui sait ? auprès d’une autre ? » Oh ! non, pas les glaives qui vous tuent d’un seul coup… mais encore… puis encore… avec leurs pointes, les épingles, au jour le jour d’un chagrin, dans le cœur d’une Marie.

Elle attendit un mois : « Si je cousais un peu. » Mais le fil dans l’aiguille et pas pour Henry, l’aiguille restait là. Un autre mois : « Si je sortais un peu. » Des rues, oui ; du soleil, oui ; mais ce soleil, juste le soleil comme un jour qu’elle sortait et auprès d’elle Henry ; ces rues : une fois, ils passaient, Henry avait dit…

Elle connaissait son adresse. Elle alla voir la maison. Elle fut contente parce que la maison était belle. Elle aurait voulu sonner : « Ne te fâche pas, je viens mettre un peu d’ordre ici… tu sais comme à Forest. »