Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il regardait le mur ; mais ses mains se tordaient ; ses mains, comme ses yeux, étaient des mains tristes, des mains qui souffraient de lui faire de la peine, mais qui ne pouvaient faire autrement :

Elle demanda :

— Si tu es méchant, c’est peut-être à cause d’une mauvaise femme ? Peut-être cette…

Il ne laissa pas dire le nom ; il regarda plus profondément le mur :

— Ce que je fais, moi seul je le veux ; tu verras plus tard.

— Henry, supplia-t-elle, pense donc ; il n’y a pas que moi, je pense…

Elle ne trouvait pas les mots : toute leur vie, qu’elle voulait dire : qu’il avait toujours eu besoin de sa maman, qu’il aurait encore besoin de sa maman et que seule, à le savoir seul, mon Dieu, comme elle allait être malheureuse !

Il s’était levé, il passa dans une chambre, il revint avec une valise, il fut l’homme qui va se mettre en route, et le voyant ainsi, elle comprit : parmi tant d’Henry, que de fois elle avait vu un Henry inquiet, un Henry qui se butait aux portes, un Henry qui, un jour, à cause des Trappistes, avait dit : « Toi, tu me dégoûtes ». Cet Henry-là, vers quelle souffrance allait-il se mettre en route. Sa pensée, elle la dit en un mot de maman :

— Mon pauvre gosse !…

— Oui, dit-il, un pauvre gosse.

Quand même il partit…

Mais pourquoi ?… Pourquoi ? Les autres, leurs maris s’en vont parce qu’elles étaient