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« Bast, comme les autres… et tu pleureras », tu aurais répondu : « Ce n’est pas vrai » ; tu aurais pensé : « Henry autrefois malade, Henry que j’ai soigné, que la Mort vienne donc, la Mort même ne pourrait me le prendre… »

Pauvre Marie, n’étais-tu pas un peu comme cette autre Marie, dont le vrai Fils, parce qu’il voulait, avec de l’eau, faire du vin, répondit : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre nous ? » Henry aussi n’allait-il pas, avec de l’eau, faire du vin ? De l’eau pourrie, Marie… Pas de ta faute, Marie ; quand même pourrie, Marie !

Ou peut-être tout cela n’est-il qu’une phrase, une robe qu’on taille après coup, parce que les actes sont nus et qu’à ne pas les vêtir, on leur verrait des pieds sales ou des genoux trop gros.

… Un matin il rentra. Mon Dieu, chaque fois maintenant qu’il était libre, il la laissait seule. Mais jamais si longtemps, jamais toute une nuit. Elle dit :

— J’étais inquiète.

Et lui, vraiment, comme un coup de poing dans la figure :

— Ah ! c’est comme cela ? Tantôt on s’arrangera pour que tu ne sois plus jamais inquiète. Maintenant, laisse-moi.

Cela n’était pas beau ; elle ne voulut pas comprendre. Simplement elle l’excusa : « C’est à cause de la fatigue qu’il prononce des mots en colère. » Elle le laissa.

Plus tard, quand il fit plein jour, elle pensa : « J’ai bien fait ; à présent ses yeux ne sont plus en colère. » Ses yeux étaient tristes ; on aurait dit des yeux qui regrettent ; mais, à les voir de près, elle constata qu’il ne les portait pas sur