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est jolie tout plein, dans ce square. Bonjour, ma petite fille. Tu t’appelles Ève, je crois ? Un jour, Madame, j’ai défini l’enfant : un cancer au sein. Par la vôtre, j’ai compris : l’enfant est une autre fleur sur le sein fleuri de sa mère… Pssst ! ma petite fille, ne te penche pas comme cela sur l’eau ! Tu dis ? Tu avais un petit n’oizeau ? Ah ! ah ! Il est mort ? Oh ! Parce qu’il mangeait le sable de sa caze. Dis-moi, pourquoi ce sable, ma petite fille ? Ah ! ah ! pour le petit n’oizeau y faire sa grande… Madame, je vous demande pardon ; mais savoir que chez vous vivait un petit n’oizeau, que ce petit n’oizeau mangeait son sable, que ce sable servait à certaines choses, et que certaines choses, chez vous, cela s’appelle faire sa grande… Madame, pour un pauvre, ce sont des miettes…

Il savourait ces miettes.

Le lendemain :

— Madame, vous êtes riche, moi j’ai faim, un peu de rêve, s’il vous plaît…

Pendant un an. Un jour, elle appela cela : de la guitare. Ce jour-là, Marie eut tort. Certes, il aimait beaucoup sa Marie ; il pensait beaucoup à sa Marie ; mais que devient une Marie quand on y pense les yeux vers un troisième étage ? Une Marie ne vit pas au troisième étage ; soignant son gosse, une Marie vit terre à terre. N’est-ce pas de cette Marie, alors déjà terre à terre, que quelqu’un de très proche vous a dit : « L’épouser ? Non et non. » Il gardait, là-dessus, beaucoup de lettres. Ces lettres, il les relisait ; il pensait : « je suis injuste », et pourtant il y avait cette porte qu’il fallait qu’on ouvre, il y avait cette lumière