Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comme tu es bien sur ce portrait !

Elle avait, pour le portrait, un beau cadre et, alentour, de la place pour beaucoup de roses. Elle y mettait ces roses. Comme il était bien, sur ce portrait, entre ces roses !

Certes, elle n’aurait pas raconté : « Mon mari est journaliste » ; elle était fière cependant. Chaque mois un Henry qui vous dit : « Maman, voilà trois cents francs » vaut mieux que ces types : « Voilà cent sous, sois gentille ». On est enfin une Marie tout à fait sérieuse, Marie en simple jupe, Marie en tablier brodé, la seule Marie pour laquelle les autres Marie ont erré par ce monde : Marie-qui-sert.

Elle allait chez le boucher. Une autre aurait protesté : « Comment trois francs, ce rosbif ? Non, non, donnez-moi de ce ragoût, pour un franc cinquante. » « Est-il bien tendre ? disait Marie. Tout de même, je préfère de ce filet. Pour mon mari, il travaille, vous comprenez. »

Elle allait chez le crémier : « Oui, je vois beurre-crème ; mais n’en auriez-vous pas qui soit encore plus crème ? »

Tout ce qu’elle achetait, elle le voulait en crème encore plus crème.

Un Henry qui travaille n’est pas un François qui vit de ses rentes, pas même un Pierre, un Jacques qui travaillent. Le pauvre gosse, le premier jour, comme il avait pleuré ! Il avait le droit d’être difficile.

Le matin, il dormait tard. Sept heures… huit heures… Dans une maison, les autres bougent. On ne pouvait pas : « Chuut ! » elle intervenait sur le palier.

Elle attendait. Dix heures !… « Fi-fou »