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M. Dupin semblait l’attendre. Il avait sa figure jaune :

— Oh ! oh ! l’épouse Boulant, l’ancienne fille Guillot. Un jour ou l’autre, on les retrouve toutes… Et votre mari sait-il ?

— Oh ! non, Monsieur.

— Et qu’est-ce qu’il fait, ce mari ?

— Il écrit, Monsieur.

— Écrire, est-ce un métier, cela ?

— Il donne aussi des leçons, Monsieur.

— Bon… bon… nous verrons cela… demain.

On la remit dans la voiture ; on arriva chez un troisième commissaire. Celui-là parla peu. Il ouvrit un livre :

— Votre nom, là.

Elle pleurait. Elle écrivit : « Marie Guillot. » On la mena quelque part.

Cela n’a l’air de rien… Cette cellule qu’on renferme, une cloche qui sonne l’heure, par terre une paillasse pour celles qui veulent ; on voit des femmes se jeter sur cette paillasse et aussitôt dormir. Ce ne sont pas des Marie. Pour une Marie, violon ou cachot, sous clef, devient la prison, quelque chose de honteux, puisqu’en prison on boucle criminels et voleurs, des gens coupables d’actes dont elle comprend la honte. Et puis se trouver là pour cela. On voit clair tout à coup. On a beau se venger : « Sales vaches », ceux de la police, quand ils vous tiennent, et pour cela, ce qu’ils vous tiennent ! Il y a la visite, le docteur qui vous examine ; on connaît certaines histoires d’hôpital où pour un bobo, pour rien, durant des mois, des femmes ont été gardées… Et puis M. Dupin et ses registres… ces registres si