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ferma la porte sur eux. Non, qu’elle l’eût désiré, mais elle fit de la sorte une obscurité nouvelle qui entrait dans les yeux plus noire que l’obscurité de la rue, plus inquiétante aussi, parce qu’elle vous renferme, seule, avec un homme. Elle l’écoutait respirer ; elle devina tout à coup qu’il l’attirait contre lui, que ses mains la cherchaient où elles ne l’avaient pas cherchée encore. Et c’était plus que des mains ; c’étaient les bras tout entiers, c’étaient les jambes, c’était la bouche, c’était la poitrine, comme une volonté sur la sienne.

Et pour la deuxième fois, Marie eut peur.

Elle serra les genoux, elle voulut crier. Mais ses parents tout près !… N’osant crier pour se défendre, elle se défendit mal. Bientôt elle ne se défendit plus du tout et, d’elle-même, se laissa glisser sur les dalles, comme on accepte.

D’ailleurs le mal n’eût-il pas été plus grand si, en se débattant, elle avait réveillé la canne de son père ?

Quand elle fut debout, Marie pensa d’abord à son chignon, car elle n’aimait aucun désordre. Ses cheveux en place, elle n’eut plus de gêne ; elle ouvrit la porte pour que la nuit du dehors entrât comme une clarté.

L’air était doux. Ayant accompli ce qu’il fallait, la pluie relançait sur d’autres seuils, au bras d’autres Hector, d’autres Marie. Il souriait. Elle eut un petit reproche :

— Tu ne me l’avais jamais demandé.

Il survint alors d’autres pluies, d’autres fuites dans les vestibules. Les mansardes sont plus sûres. Marie avait la sienne. Hector y vint.