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IX



Si l’on pouvait en rester là !…

Le temps aurait passé comme il passe dans la bruyère — sans rien. Quelque part une petite ferme. Peut-être, parce qu’il était vieux, on aurait réparé le toit. Ainsi, plus rouges, on aurait vu les tuiles de ce toit. Mon Dieu, les choses que l’on porte en soi, que l’on aurait voulu écrire, seraient restées les choses que l’on aurait voulu écrire. Par contre, on aurait vu ce soleil dont on dit : « Qu’il est beau, ce soleil ! » Il y aurait eu deux cents poules, de ces poules : « Ça c’est curieux, Madame, toutes ces poules qui sont blanches. » Il y aurait eu les poussins, il y aurait eu les coqs, il y aurait eu pour ces bêtes une brave femme de Marie, pour cette Marie un brave homme de Henry, deux paysans nature, plus à prétendre : « Nous sommes simples », des gens comme on est, du bleu dans les yeux certes, mais pas trop, pas comme les saints, parce qu’un jour un Père Isidore aurait dit : « Tatata, mes enfants, soyez ce que vous êtes, le Bon Dieu aime cela. »

Vraiment oui, le Bon Dieu eût aimé cela, et aussi les deux mille francs de la Tante Nonne et les « Faites votre devoir » de la Tante Louise et même les « Vous ne ferez jamais rien de bon » de l’oncle ingénieur.

Si l’on pouvait en rester là !

Ah ! si on s’appelait Alphonse, ou Benoît,