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— Petits côtés, petits côtés, disait Henry. As-tu vu ses yeux ?

Ainsi, un jour, il voulut qu’elle comprît :

— Tu sais, il y a le Mal… Tu dis ?… Si, si, il y a le mal. Eh bien, ces Trappistes qui croient en Dieu, qui aiment Dieu, qui ont poussé leur idée jusqu’au bout, prennent sur eux ce Mal, effacent ce Mal, parce que sinon, aux yeux de Dieu, il y aurait plus de Mal que de Bien en ce monde. Ce sont des saints.

— Ah ! des saints !

Comprit-elle Marie ? Pour une Marie, le plus grand mal est le mal que l’on a dans son ventre, et ce que l’on pousse jusqu’au bout, c’est aussi du côté de ce ventre. Cependant elle ne rit pas.

Pourquoi l’oublier ? N’aie pas honte, Marie. Il n’est pas à ta honte, ce livre. Tu te souviens : les belles courtepointes. Il existait autrefois une Marie qui s’appelait Blanche et crochetait des courtepointes : elle attendait les types, oui, au Grand Neuf. Humble et douce cloîtrée, cette Marie, que savait-elle de ces autres cloîtrés qu’on appelle des Trappistes ! Pour cette Marie, déjà le Mal, l’idée que l’on pousse jusqu’au bout… Et pourtant ! Pourtant, si on lui avait dit : « De ce type qui entre, tu prends sur ta chair quelques-unes des souillures. » Si on lui avait dit : « Tu expies le Mal, parce que le Mal existe. » Si on lui avait dit : « Cent sous que tu touches et là haut des Grâces qui sont les cent sous du bon Dieu. » Si on lui avait dit… Si on lui avait dit : « Marie, tu connaîtras des Trappistes : comme toi, ils sont dans leur cellule, et toi, comme eux, si