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Que cet ami parti, et avec lui la nouvelle de ce qu’il a vu, vous entendiez, un matin, sonner cette cloche de couvent… Certes, ce couvent vous ne donnez pas là dedans comme dans une fourmilière dont vous vous dites : « Tiens, je ne l’avais pas vue. » Un couvent, cela se voit dès qu’on arrive, surtout un couvent de Trappistes. Vous savez bien qu’il existe. Vous vous êtes même promis : « Un de ces jours, il faudra bien, j’irai voir ces moinillons. »

Ainsi, ce matin, on se décide. On s’arrête à leur porte : « Des moinillons, bah ! » ; on sifflote. Puis on sonne, on regarde cette porte qui va s’ouvrir, après on resonne et cette porte, qui devait s’ouvrir, refuse de s’ouvrir.

Tonnerre ! S’appeler Henry Boulant, sonner à une porte et que cette porte refuse de s’ouvrir, voilà qui vous enrage. On voudrait savoir ce qui se passe derrière cette porte, on voudrait avoir le droit de pénétrer derrière cette porte, on voudrait avoir le droit de rester derrière cette porte et pour être sûr d’y rester, ne plus jamais se trouver que de l’autre côté de cette porte.

Le lendemain on retourne. Plus une porte qui doit s’ouvrir : une porte qui déjà ne s’est pas ouverte. À peine si l’on sonne, très humblement on resonne, et cette fois : « Merci, frère », on salue le moine qui vous reçoit à cette porte.

Qu’il fait bon de ce côté-ci de la porte ! Cette belle cour, ces beaux arbres, ces allées de prières ! Voilà dans sa grotte la Sainte Vierge, voilà devant la Vierge un moine ; voilà derrière ce moine une autre porte :