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petites fermes. Dans leur ferme, les paysans ont tous une armoire et sur cette armoire une Vierge. Le soir ils tirent un chapelet et, devant cette Vierge, ils prient. Alors on a cette armoire, on a cette Vierge, on a ce qu’il sied quand on prie devant une Vierge : on a la Foi.

Comme en Dieu, Henry croyait à la Vierge.

Et celle-ci sur l’armoire, de la place où vous honorez l’Épouse, auriez-vous le courage d’éloigner l’Époux ? Une grande barbe, un Jésus dans les bras, cela fait près de la Vierge un beau saint Joseph. Sainte Barbe aussi est intéressante parce qu’elle porte une tour, et encore plus sainte Catherine, à cause de sa roue dentée. Ce sont des images naïves, dites le mot : un peu simples. Tantôt l’une, tantôt l’autre, vous en trouvez un peu partout sur les murs dans les fermes ; alors, vous qui arrivez de la ville, vous déjà si simple, vous croyant de Dieu et dévot de la Vierge, vous n’allez pas compliquer les vôtres avec des Vénus et des Victoires. Vous y clouez ces images, et, puisqu’elles y sont, vous y croyez.

Comme en Dieu, comme en la Vierge, Henry croyait aux Saints.

Que ces Saints sur l’armoire, un ami vienne, qu’à vous admirer entre vos poules, il vous ait appelé « Saint François » et que le soir vous lui disiez : « Mon cher, si tu veux, couche-toi, quant à nous, nous ne voulons pas manquer notre prière », ce Dieu, cette Vierge, ces Saints, comme vous les aimez ; comme, entre vos doigts, votre nez se recueille ; comme vous dites avec force : « Je vous salue, Marie », pour que la Vierge et un peu aussi cet ami vous entendent.