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VII



Elle continuait cependant sa vie de Marie.

On voyait dans l’enclos deux cents poules et ce qu’il faut de mâles pour être les coqs de deux cents poules. Toutes ces poules étaient blanches. Cela faisait dire aux passants :

— Comme c’est curieux, Madame, toutes ces poules qui sont blanches !

On voyait ensuite des poussins. Les poussins, on les élève pour devenir poules à la place des poules qui meurent ; mais d’abord il en faut pour grandir, poussins, à la place des poussins qui meurent. Cela faisait en tout beaucoup de poussins. Les gens disaient :

— Comme c’est curieux, Madame ; vous avez beaucoup de poussins.

Toutes ces bêtes menaient un grand vacarme. On ne comprenait pas au juste ; on entendait « Djip » ou « Kedâk ! » ou « Kourou ». Certaines criaient plus fort et volaient au pondoir. Après, il sortait un œuf. Le soir Henry comptait :

— Tout va bien, aujourd’hui nous avons un cent d’œufs.

Marie était contente…

Mais la vie ne se truque pas comme un début de chapitre. Ils étaient venus en septembre. Avant les poules qui pondent, ils eurent d’abord l’hiver. L’hiver est lamentable. Les poules rentrent le cou, gonflent les plumes et rêvent sur une patte. On croirait des oiseaux