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— Mais oui, mon ami, comme vous voyez, je me repose.

Alors le soir, ces genêts, ces sapins, cette bruyère, il les dit à Marie. Et non seulement la bruyère, mais les grillons qu’on écoute, les fourmis qui sur vos doigts se trompent de route et que, pendant des heures, Marie, on regarde :

— Tu verras, maman, car nous retournerons.

Elle eut son tour un peu plus tard. On ne trouvait plus de papillons aux genêts, mais rose, la bruyère était rose, rose tout entière, rose encore, quand on en cueillait, de chacune de ses millions de fleurs.

— Écoute, maman !

Et oui, ils étaient là, les grillons.

— Regarde, maman !

Et oui, elles étaient là, les fourmis. Et il y avait aussi pour chaque lèvre de fleur le baiser d’une abeille ; il y avait surtout Henry là dedans, Henry curieux petit bonhomme d’autrefois, Henry qui disait : « Je me fous de ma barre », Henry qui s’étalait : « Dieu ! Dieu ! que c’est bon, la bruyère ! »

Et ainsi, Marie aima cette bruyère.

Ils logeaient à l’auberge. Le soir, Henry disait : « Restons encore demain. » Chaque jour, ils restaient encore demain.

Et sait-on comment les faits s’enchaînent ? Non loin de l’auberge, ils avaient remarqué une ferme. Cette ferme était vide, on pouvait entrer. Une fois ils entrèrent. La misérable petite baraque ! Il ne fallait guère se hausser pour toucher le plafond ; ce plafond était en planches, les poutres s’effritaient ; elle était vieille aussi. Dans un coin bâillait un grand trou noir :