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Tout de même, elle rit. Plus tard elle demanda :

— Ces gens, ils savent que tu es malade ; ils savent que tu es pauvre, que tu cherches un emploi. Il me semble qu’ils pourraient…

— En effet, Marie, ils pourraient… Ils savent tout ce que tu dis ; ils savent aussi que c’est de ma faute ; alors, tu comprends, ce n’est pas de la leur.

Il ajouta :

— Mais nous sommes deux, Marie.

Vers ce même temps, l’oncle ingénieur qui boudait s’arrêta de bouder. On les invita. Ils s’étaient promis : « Nous n’irons pas. » Ils allèrent.

Mon Dieu, on s’imagine. Marie avait un vieil oncle. Quand elle arrivait, il était là : « Bonjour, ma petite nièce, comment allez-vous, ma petite nièce… ? » Et de l’embrasser et de la cajoler ! Ici point. L’oncle les reçut dans son cabinet d’ingénieur. Il n’avait pas son haut-de-forme, mais il tint la tête comme s’il y était. On fit des « Après-vous » pour s’asseoir. Il trouva : « Le temps est superbe, n’est-ce pas ? »

Passe encore pour l’oncle. Sans doute que d’être ingénieur, d’avoir une belle plaque sur sa porte, de construire des ponts qui sont en fer, cela vous rend un peu raide. Mais sa femme ! On lui avait apporté des fleurs. Il est vrai, on dut l’attendre parce qu’elle travaillait à sa toilette ; il est vrai, quand elle entra, elle portait dans les cheveux tant de boucles, l’une contre l’autre, qu’on aurait pu les compter ; il est vrai