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en bois, du bois bien sec pour y tailler une sainte. Tu lui plairas… Évidemment ne va pas lui dire…

Ils firent un long voyage.

Petits canaux, petites maisons, petites boutiques : c’était sa petite ville. Il avait poussé là. Henry, qui ne parlait guère, parlait. Marie le menait par le bras. Il disait :

— C’est la troisième fois que je reviens à ma petite ville. La première fois, mère était morte : on m’amenait près de grand-père et de tante pour que je reste avec eux. Tante était sa fille. Il faisait noir ; j’arrivais d’une ville à grande lumière ; j’étais en deuil, j’étais petit, j’avais peur, en noir dans tout ce noir.

« À la seconde, j’étais revenu bien des fois. J’étais presque un homme. À cause d’une femme, oui, tante m’avait dit : « Je ne veux plus vous voir, partez. » Grand-père n’avait osé rien dire. Alors un soir, j’étais revenu ; j’aurais voulu recevoir une parole… et j’ai tourné là…

Il sourit :

— De toi, maman, j’ai reçu cette parole. Tu me tiens par le bras et voilà ma troisième fois.

Il montra une maison :

— C’est ici.

Tante Louise, puisque c’était dimanche, se trouvait à la messe. Ce n’eût pas été dimanche qu’elle se fût également trouvée à la messe, mais le dimanche, elle en suivait trois. Henry dit :

— Cela ne fait rien. Regarde… Tu vois ce fauteuil. C’était celui de grand-père ; l’autre tout près, c’était le mien. Alors déjà, comme