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Ils firent les visites qu’il sied après un mariage.

Pour les parents de Marie, ce fut simple. Elle avait en ville une cousine. Elle s’appelait Cordule. Un midi, comme ça, en passant, ils entrèrent. La cousine mangeait. C’était, en noire, ce que Marie était en blonde : une belle gaillarde. Elle fit : « Ah bien Jésus ! je suis contente » et plaqua sur les joues du cousin ses bonnes lèvres de cousine. Il traînait par là-dessus un peu de sauce. Alors, sans beaucoup de manière, on partagea la viande qui trempait dans cette sauce :

— Tu as de la chance, dit Henry, de ne pas être de bonne famille. Moi, je suis de bonne famille. Cela sert quand on répond aux annonces ; pour le reste, tu verras.

Elle vit en effet. Il écrivit certaines lettres ; malheureusement on ne remplace pas toutes ses visites par des lettres. Ils allaient.

Par exemple, Henry annonçait : « Aujourd’hui nous allons chez tante Suzanne. « Tante Suzanne habitait loin : on prenait une voiture. Bon. On arrivait. Tante Suzanne était chez elle, au coin du feu, dans une bergère. Elle avait sur le nez des besicles pour voir les gens qui entrent. Elle dorlotait son chien. Il fallait attendre qu’elle en eût fini avec son chien. Alors elle disait : « Mon cher neveu, puisqu’il est fait, je suis convaincue que votre choix est excellent. » Puis elle leur donnait à croquer des macarons, ces friandises à la fois amères et sucrées signifiant : « Ne l’oubliez pas, ma nièce », les douleurs et les joies que l’on rencontre dans le mariage. Après, on s’en allait.