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une vilaine chaussée à travers la campagne. Pas pour Marie, mais pour Mère, on aurait dû prendre une voiture. Sous son parapluie, la pauvre femme ne savait comment préserver sa robe. Cela volait. À chaque coup de vent, elle gémissait : Mon Dieu ! Mon Dieu ! et les autres n’osaient guère lui répondre, car Marie les avait prévenus : Henry était aujourd’hui fort irritable.

Il se traînait auprès d’elle, un pas, encore un. Comme toujours quand il y avait du monde, il se taisait. Une fois, il jura : Nom de Dieu !

Évidemment, ce ne sont pas, comme en rêvent les Marie, des noces joyeuses. Pourtant, curieux petit bonhomme, mieux que des cloches, mieux que des orgues, le bonheur chantait sa musique dans un coin de son cœur.

Elle pensait : « Henry marche à mon bras, mon pauvre gosse que j’aime bien. Tantôt pour être à lui, je deviendrai autre chose que moi. Je serai Madame Henry Boulant, pour mes clientes sur mes lettres : l’Épouse Henry Boulant, ou plutôt Marie-Henry Boulant. »

Elle pensait encore : « Pauvre gosse, il me paraît bien malade. Son oncle n’est pas venu, peut-être que cela le chagrine. Pourquoi a-t-il pleuré quand je lui ai parlé de ma prière… ? »

Il ne pleuvait plus. Ils passèrent dans le chemin où, la première fois, il l’avait embrassée. Pourquoi s’en cacher ? L’autre jour, au docteur elle s’était plainte : « Docteur, vous savez que Henry, depuis quatre mois… » Le docteur lui avait dit : « Rassurez-vous, vous n’attendrez plus quatre mois… » Alors peut-être… ce soir, pour la nuit de leurs noces…