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le vit pas, il passa outre. Le lendemain elle osa plus fort, avec la tête et un peu de la main. Un autre soir, elle se risqua sur le seuil, parce qu’elle avait vu, dans la main d’Hector, quelque chose de blanc qui tomba, qu’elle ramassa tout plié par terre.

Une lettre, une écriture plus fine que celle du père qui appelait la sienne de la calligraphie.

Hector disait :

— Vous êtes une rose.

Et jamais elle n’avait songé qu’elle pût ressembler à une rose.

— Je pense à vous.

Et Marie aussi pensait à lui.

— Venez, ce soir, à dix heures, sur votre porte.

Et elle aussi, ce soir, comme elle le souhaitait !

Heureusement, il est convenable que les jeunes filles dorment seules dans leur mansarde.

Ses parents couchés, elle n’eut qu’à retirer les bottines qui font du bruit, descendre quelques marches, et, sur la pointe des bas, au bout du couloir, tirer un verrou :

— Je suis là.

Or cette voix était la voix d’un homme et pour la première fois, quelque chose en Marie eut peur. Non seulement parce qu’en tournant, la porte avait grincé, ou qu’on aurait pu se réveiller dans la maison. Cela venait d’ailleurs qu’elle n’aurait su dire.

Elle alla s’appuyer du dos à la muraille et sagement Hector se mit auprès d’elle, comme un voisin pour la causette.

Au ciel, le clair de lune montrait les choses de la terre autrement qu’en plein jour : on