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adorait par-dessus tout, c’était précisément le homard :

— Monsieur Henry, je suis bien contente de n’avoir pas eu peur du cimetière.

Il répondit :

— Mademoiselle Marie, vous me regardez avec de bien beaux yeux, par-dessus ce homard.

Il y eut ensuite des fraises, et, après, le café que l’on boit avec des liqueurs qui ont encore un goût de fraises. Elle qui adorait les fraises !

Elle lui souriait par-dessus la table. Il dit :

— Mademoiselle Marie, en votre honneur, je vais brûler un bon cigare.

Et justement, hum ! elle adorait les bons cigares… Elle dit :

— S’il n’y avait pas tout ce monde, je risquerais une cigarette.

Tant pis, elle risqua une cigarette…

Après, il s’ouvrit dans le cœur de Marie un petit œil pour voir. Il avait réclamé la note : il tira un billet qu’on eût dit préparé d’avance et qui vint seul, sans doute parce qu’il était le seul. Elle pensa aux franges de la culotte. Elle songea : « Pauvre garçon ! »

Ils sortirent.

Ce vin qu’on adore, le poisson qu’on adore, le homard qu’on adore, elle en était au point où, du temps de François, vite on rentrait en voiture compléter ce qu’elle appelait son dessert. Il ne l’eût pas choquée à parler des choses de ce dessert. Elle s’étonnait : « C’est drôle ! nous avons mangé ensemble, il m’a fait sur mes yeux un beau compliment, et il ne me touche même pas… »

Un peu plus loin, il osa. Ils marchaient dans