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Avec ses tables bien mises, ses nappes toutes blanches, le garçon qui vous sert, le restaurant est une fête qui vous reçoit dans un décor de fête. Et puis, les bonnes choses que l’on mange ! Autrefois, au temps de François, elle se permettait souvent de ces fêtes ! Elle raconta. Elle n’avait pas toujours été lingère ; elle avait eu dans sa vie un Monsieur très bien : il s’appelait François. Il dit :

— J’ai vu ça tout de suite que vous étiez une dame.

On apporta du poisson, on déboucha du vin. Justement, avec le poisson, elle adorait le vin. Elle dit :

— Je ne veux pas m’en cacher, mais avec du poisson, il faut un peu de vin.

On servit de la viande. Et justement comme le poisson, elle adorait la viande. Il expliqua : il était écrivain… Écrire, c’est composer des livres pour plus tard… Malheureusement on fait des bêtises, sinon…

Elle dit :

— Dans ce monde, qui n’a pas fait sa bêtise ? Prenez encore un morceau de viande.

Il vint du poulet. Le poulet prouve qu’on s’y entend à découper une volaille. Et puis, franchement, elle adorait la volaille.

— Monsieur Henry, laissez-moi faire. Je veux que vous mangiez cette cuisse ; c’est le meilleur.

— Je n’en ferai rien, Mademoiselle Marie ; permettez que je vous la passe…

— Alors, encore un peu de cette bonne sauce.

Elle adorait aussi les bonnes sauces…

On servit du homard et, sans mentir, ce qu’elle