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Elle n’eut pas le temps de monter. Il ouvrait déjà sa porte. Il fit :

— Soyez la bienvenue, Mademoiselle Marie…

Il était maigre, les cheveux longs. Il avait une belle redingote, mais les jambes du pantalon s’effilochaient par le bas. Elle pensa : « Pauvre garçon. »

Il offrit un fauteuil et prit pour lui une chaise — à distance. On lui aurait donné plus que son âge, peut-être à cause des cheveux. Des cheveux longs vieillissent un homme. Il semblait avoir peur ; elle aussi avait un peu peur. Elle essaya de sourire. Alors il trouva :

— Mademoiselle Marie, je suis content que vous soyez venue…

Il voulut savoir si sa jambe allait mieux, quel tram elle avait pris. Elle avoua en montrant les tombes :

— Vous savez, à cause de cela, j’ai failli repartir.

Il parut surpris.

— Mademoiselle Marie, on prend vite l’habitude des morts ! Vous voyez, moi je loge ici…

Elle regarda : des murs sans papier, la table de travers, des statues cassées, on n’aurait pas dit une chambre. Ce qu’il avait de beau, c’était une belle armoire. Mais elle n’aurait pas mis une tête de mort là-dessus. Il suivait ses regards :

— Ça une Vénus, là une Victoire.

Elle dit :

— Vous avez quelque chose d’écrit sur votre mur.

— Oui, Mademoiselle, des vers…

Puis il la mena devant sa fenêtre. Il faisait