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ou le « Bel Anonyme ». Celle-ci : « Henry Boulant ».

Il disait : « Madame, je vis seul. Comme vous un ami, je cherche une amie pour me promener le dimanche. » Il se dépeignait : « J’ai vingt-cinq ans, je ne suis pas beau, on me dit très doux. » Il donnait son adresse.

Une adresse inspire confiance. Elle déchira les autres lettres. Elle répondit : « Monsieur, comme vous me le proposez, je viendrai chez vous, dimanche vers dix heures. » Elle signa : « Montre or : 36739. Poste restante. »

Le samedi soir, en rentrant, elle sentit dans les jambes une grande fatigue. Elle avait piqué beaucoup de chemises. Elle réfléchit. Vingt-cinq ans pour un jeune homme, c’est peu, quand la femme en a presque trente. Et puis Forest, si loin ! Peut-être qu’elle n’irait pas. Tant pis, elle n’alla pas.

Le mardi, cependant, elle eut l’idée de passer par la poste. On lui remit une lettre : « Mademoiselle, que vous est-il arrivé ? Je vous ai attendue toute la journée. Je suis inquiet. Seriez-vous malade ?… »

Non, elle n’était pas malade. Il fallut bien répondre. Elle expliqua. Un peu de fatigue dans les jambes. Le repos l’avait remise. Alors, s’il le voulait, ils pourraient se voir le prochain dimanche. Elle signa de son nom : Marie Guillot. Elle ajouta l’adresse…

Il vint un mot : « Mademoiselle Marie, je suis content de connaître votre nom. J’aime qu’une femme s’appelle Marie. J’espère que votre jambe ne vous fait plus souffrir… Comme je vous aurais soignée, si je vous avais connue. Nous aurons perdu huit jours. Peut-être en est-