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I



Il habitait à Forest, près de Bruxelles. Il aurait pu habiter ailleurs, mais c’était à Forest. Autrefois il habitait en ville. Un dimanche, il avait pris une voiture. Il avait dit : « Cocher, il me faut deux chambres, menez-moi quelque part, à la campagne. » Le cocher avait choisi Forest.

Il avait ses deux chambres : deux chambres et aussi deux fenêtres. La maison était neuve ; on lui avait promis un beau papier rouge pour son mur. En bas, on tenait une auberge.

La fenêtre la moins grande s’ouvrait sur le derrière de la maison : il y avait des champs… puis des champs… puis un mur d’arbres et, après, encore des champs : elle était la fenêtre de sa chambre à dormir.

La fenêtre la plus grande s’ouvrait sur le devant. En face, sur une pente, s’étalait un cimetière. Quand il s’agit d’un cimetière et qu’il descend en pente, on dit que les tombes dévallent. On se trompe. Les tombes sont lourdes et d’ailleurs maçonnées. Même sur une pente, elles se tiennent immobiles comme les morts qui dorment en dessous. Elles ont la forme de presse-papier : on dirait aussi d’autres pressoirs, des pressoirs à morts, et ce qui dévalle est peut-être du jus. Cela n’a pas d’importance : le jus des morts fait pousser les arbres. »