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des tapis, Madame déboursait plus de cent francs par mois rien qu’en palmiers !

C’était, en tout, beaucoup mieux qu’à Londres.

D’abord elle avait sa chambre. Dans une chambre on est chez soi ; on peut y lire, on peut y penser, on peut y mettre de l’ordre. Un petit poisson rouge, cela vous amuse dans un coin. On a même son fifi qui siffle dans sa cage une chanson jaune : Bonjour, fifi !

Il y avait ensuite les salons : le salon rouge, le salon bleu, le salon noir, suivant les préférences des types. Les salons sont commodes : on n’a plus à s’inquiéter de l’hôtel, on sait que les draps seront frais, on ne doit pas se dire : « Pourvu que je ne me refroidisse pas en sortant. »

Il y avait encore le réfectoire. Voilà l’essentiel ! Quand il y a un réfectoire, on a mangé hier, on mange aujourd’hui, on mangera demain. Plus comme à Londres ! C’est de la viande deux fois par jour, robuste et saignante parce qu’il faut de la force ; c’est de la salade en toutes saisons, car on aime, n’est-ce pas, la salade ; c’est le dimanche, votre verre de vin et le gâteau qui vous rappelle, que, malgré les volets, dimanche vient également pour vous.

Il y avait la tabagie. Dans la tabagie on se tient le soir avec les autres dames. On ne se fatigue plus, comme à Piccadily, après les types : ils viennent à vous. On n’a même plus besoin de faire des dépenses pour sa robe. Les cheveux en ordre, sur les joues un peu de fard, le corps bien lavé, cela va de soi, on porte le péplum, qui est une tunique de gaze transparente ou, si l’on