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Joachim Descartes n’étoit pas tellement occupé des fonctions de sa charge, et des établissemens de sa nouvelle famille en Bretagne, qu’il ne se donnât aussi le loisir de songer à son fils, qu’il avoit coûtume d’appeller son philosophe , à cause de la curiosité insatiable avec laquelle il luy demandoit les causes et les effets de tout ce qui luy passoit par les sens.

La foiblesse de sa complexion, et l’inconstance de sa santé l’obligérent de le laisser long-temps sous la conduite des femmes. Mais dans le temps qu’on ne travailloit qu’à luy former le corps, et à luy acquerir de l’embon-point, l’enfant donnoit des marques presque continuelles de la beauté de son génie. Il fit paroître au milieu de ses infirmitez des dispositions si heureuses pour l’étude, que son pére pour commencer à cultiver ce fonds d’esprit, ne pût s’empêcher de luy procurer les éxercices convenables à ce dessein, malgré la résolution qu’il avoit prise de s’assurer de la santé corporelle de son fils, avant que de rien entreprendre sur son esprit.

On s’y conduisit avec tant de précaution, qu’on ne gâta rien. Aussi pouvoit-on dire que ces prémieres études n’étoient que des essais légers, et des ébauches assez superficielles de celles qu’on avoit intention de luy faire faire dans un âge plus avancé.

Le pére voyant son fils sur la fin de la huitiéme année de son âge, songeoit sérieusement aux moyens qui pourroient être les plus avantageux pour former son esprit et son cœur par une excellente éducation, lorsqu’il entendit parler de l’établissement d’un nouveau collége qui se préparoit à La Fléche en faveur des jésuites.

Le roy Henry Iv ayant rétabli la compagnie de ces péres en France par un edit vérifié au parlement le 2 jour de janvier